Rite

• _18-06-2021 > 14-08-2021 _Galerie l'œil histrion 3, rue Saint Michel 14000 Caen
  

  Une proposition de Vincent Mesaros sur invitation de Jean-Michel Pinchon

  dans une hypothèse enchantée, nous quitterions de temps en temps nos existences pour nous projeter dans d’autres : des univers occultes, joueurs, repeuplés. nos vies auraient accès à des extensions troubles. revenus à notre bon vieux réel, nous garderions dans les cœurs une sorte de petite clandestinité grâce à ces vies parallèles qui auraient été les nôtres.

  hé bien, ce n’est pas du tout comme ça que ça s’est passé (...)

   

  Avec

       + Lætitia Benat

       + Natacha Lesueur

       + Céline Tuloup

       + Vincent Mesaros

       + Guilhem Roubichou

   

  (...) la suspension est descendue en nous. absolument. elle a infusé dans nos appartements, nos cuisines, converti nos bitumes, déboussolé nos terres.

  a présent, nous sommes réellement altérés. des mécaniques nous bipent, nous sermonnent, nous conseillent, nous rappellent à l’ordre, nous enjoignent, nous scrutent, nous évaluent, nous boostent. nous sommes débordés par tout ce qui piapiate, tout ce qui annonce, tout ce qui commente, tout ce qui décompte. nos pas dans la rue, nos pulsations cardiaques, nos agios, nos liens, nos consommations, les jours qui nous restent.

  si l’on en croit la sarabande infinie des chiffres, c’est nous qui avons été numérisés.  nos secrets, nos pensées, nos séductions, nos péchés se détachent en longues bandes de chiffres, de codes, cryptés : ce qui veut dire que, nous, nous ne savons même pas les lire. ce monde qui bruite est un désert. dans le boucan, notre solitude paraît de plus en plus étendue, et la traversée improbable, pour trouver, de l’autre bord, d’un autre côté, un bras réel à accrocher. nous sommes tétanisés.

  qu’est-ce qui reste réel ?  nous sommes assistés.  nous sommes augmentés. nous sommes des parachutistes, harnachés de capteurs, de tirettes, de casques, de lunettes, de poches, de trucs et de bidules. et nous n’avons peut-être jamais été aussi handicapés. nous sentons de moins en moins le vol, de mieux en mieux la chute.

  le superflu et le faussaire, l’ersatz et le fake, la contrebande officielle du low-cost saturent nos existences. ou sont les clandestinités ?

  Texte de Charles Robinson, romancier.
  Depuis Génie du proxénétisme, il travaille l’écriture,  la création sonore, la littérature live, la création numérique. Son dernier roman, Fabrication de la guerre civile, clôt un cycle consacré à la vie dans une Cité.
  >>> charles-robinson.blogspot.fr
   

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